La haine de l'Occident, du moins dans le monde de l'islam, vient de son échec historique qui suscite humiliation et ressentiment. L'islam étant, selon ses adeptes, la dernière révélation prophétique, il se croit métaphysiquement supérieur aux autres religions abrahamiques comme le judaïsme et le christianisme. Pour moi, le malaise du monde islamique provient de la non-compréhension ou de la non-assimilation d'un phénomène historique majeur : l'avènement de la modernité, lequel n'a jamais été pris en compte comme tel, mais toujours en fonction des transformations radicales qu'il a infligées à nos traditions et à nos manières de vivre. Dès lors, tout jugement à son égard a toujours revêtu une dimension morale et débouché sur un rejet. Mais sur ce point, rappelons que la réaction contre les Lumières a commencé en Europe même. Sous la forme d'abord, de la révolte des Allemands contre l'hégémonie de la culture et de la langue française sur toute l'Europe du XVIIIe siècle. Ce même esprit de révolte a alimenté, un siècle plus tard, les slavophiles et les grands écrivains russes comme Tolstoï et Dostoïevski. Et ce même rejet sera transplanté à partir de la moitié du XXe siècle au tiers-monde, où les revendications identitaires revêtiront les formes les plus diverses et avec la révolution islamique d'Iran (1979), déboucheront sur le repli sur soi ou sur ce que j'ai appelé "l'ankylose identitaire".
Daryush Shayegan
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